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Le défi d’écrire un roman en moins de deux mois

On s’amuse comme on peut. Quand certains se challengent sur les réseaux sociaux avec des conséquences plus ou moins désastreuses pour leur amour propre, d’autres se lancent des défis à eux-mêmes. Comme le défi littéraire d’écrire un roman en moins de deux mois… Challenge accepté. Et relevé ?




Tout commença par une annonce. Celle d’une maison d’édition, les éditions Charleston pour ne pas les nommer, qui firent un appel à manuscrits pour leur Prix du Livre romantique annuel. A la clé, un contrat d’édition pour 2021, doublé d’un autre aux éditions Pocket pour 2022. Alléchant. Objectif : envoyer un roman entre 250 0000 et 800 000 signes avant le 15 septembre. Thématique : une femme forte, libre, indépendante, qui vit une romance à un moment donné de l’histoire (sans que cela ne soit forcément le cœur de l’intrigue) et dont l’issue se termine bien.

Malheureusement pour moi, je n’avais rien sous la main. Aucune histoire, aucun début d’histoire, surtout. En plein cœur de l’été, sous les cieux bretons, me voici bien en peine. Le seul livre terminé dont je dispose est un roman de science-fiction young adult, bien loin de la thématique attendue. Et celui qui y répondrait est déjà paru, Gangrène, une histoire d’amour. Alors que faire ? Imaginer un nouveau roman, ex-nihilo. Mais en un temps record. Moins de deux mois pour tout concevoir (de l’intrigue aux personnages) et tout écrire. Vertigineux.

Au cours d’une balade en forêt, une phrase surgit dans mon esprit. La première. C’est forcément la première, celle qui va déclencher tout le reste. Une fois rentré, je la rédige, la triture dans tous les sens et elle apparaît réellement comme une évidence. Oui, il s’agit bien de la première phrase et d’elle, découlera toute l'histoire. Ambitieuse, drôle, touchante, dérangeante, aussi. Avec une héroïne à la fois jumelle de toutes celles j’ai déjà imaginées auparavant, mais aussi totalement différente. Il ne reste plus qu’à lui faire vivre ses aventures avant le 15 septembre, date fatidique.

Comme un athlète, je me suis efforcé à atteindre des objectifs et faire ce que je n’avais jamais encore fait auparavant : écrire tous les jours, plusieurs heures, coûte que coûte. Mes matinées, après-midis ou soirées se transformèrent en séances d’écriture chevronnées. Sur un bureau de fortune, dans un jardin ou une terrasse, écrire à tout prix. Se fixer une dead-line au 10 septembre, pour avoir le temps de tout relire, corriger, réécrire.

Il y a là une sorte d’extase à imaginer aussi rapidement toute une histoire, à faire naître des personnages improbables, à créer des embûches, des rencontres, des douleurs passées et des espoirs futurs à mon héroïne. Pour la première fois, je l’ai aimée d’emblée. Pour la première fois, je n’ai pas rejeté mon récit comme les autres. Pour la première fois, alors que j’écris depuis l’enfance, je me suis cru écrivain. Pour la première fois, en relisant mon histoire, je ne l’ai pas effacée, je l’ai prise à bras le corps et je l’ai remerciée d’avoir surgi de mon esprit. Elle m’a délesté d’un récit dont je ne me serais pas cru capable. Et le 10 septembre, je lui apposai un point final. 600 000 signes à relire, un à un, pendant cinq jours, à faire relire à une personne digne de confiance pour traquer les incohérences et les fautes, m’aider à trouver des formules plus intéressantes, magnifier un personnage secondaire ou une sous-intrigue ça et là.

Et le 15 septembre, tout fut terminé. Une émotion inattendue m’étreignit. Une joie et une souffrance d’en avoir fini. La joie et la fierté d’être allé au bout de mon imagination et de mes sacrifices (écrire signifiant s’isoler des siens) et la souffrance que ces personnages n’ont désormais plus besoin de moi.

J’ignore ce qu’il adviendra d’eux. Je suis comme un père qui laisse ses enfants vivre leur vie, à leur gré. Peut-être que cette histoire sera refusée de partout, qu’elle restera dans un tiroir à jamais. Peut-être. Mais il y aura un avant et un après elle. Dorénavant, je sais que je peux écrire un roman en un temps limité, sans avoir une seule idée à son sujet à la base. Je sais que je peux aimer mon travail. Je sais que je suis fait pour cela. J’en avais l’intime conviction j’en ai désormais la certitude…

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