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Photo du rédacteurL.-J. Wagner

Ecrire en temps de confinement

On pourrait penser que pendant le confinement, alors que tout semble au ralenti et toutes les folies autorisées entre quatre murs, la création serait exacerbée. Elle l’est pour certains, qui se découvrent des talents insoupçonnés ou qui décident de tenter l’impensable. Elle l’est moins pour d’autres…




Ecrire, pour moi, n’est pas quelque chose qui se décide. Je ne me mets pas devant mon clavier d’ordinateur en m’intimant d’écrire à tout prix, n’importe quoi. Il faut que les choses maturent dans mon esprit, parfois pendant longtemps, avant de me lancer véritablement. Ou alors, il me faut des deadlines. Des objectifs à atteindre, coûte que coûte. Etant journaliste de formation, c’est quelque chose que j’ai totalement intégré. L’idée d’une date butoir fait partie de mon ADN et m’oblige à m’y mettre sans délai. En revanche, pour le processus créatif, cela ne marche pas comme ça, à moins d’avoir un éditeur qui désirerait âprement mon nouveau projet et me mette une certaine pression. Quand ce n’est pas le cas, le seul objectif que j’ai en tête, c’est le point final à l’histoire que j’aurais pu avoir commencée, mais sans savoir encore quand il surviendra.

C’est évidemment quand quelque chose est interdit ou impossible, qu’on a envie de s’y adonner. Pour moi, il en est de même pour l’écriture. Il suffise que je n’aie pas le temps, pour cause d’obligations professionnelles ou aucun accès au matériel adéquat (car en vacances) pour que j’aie envie, voire besoin, d’écrire de la fiction. C’est impérieux, nécessaire, obligatoire. Et c’est ainsi que la plupart de mes pièces, nouvelles ou romans, sont nés entre deux articles, entre deux travaux qui ne nécessitent aucune imagination, seulement de la concentration. La création empiète alors sur la besogne quotidienne, même si elle ignore encore de ce qui l’attend au tournant, tandis que la besogne, elle, a une ligne droite à suivre qui ne saurait supporter déviations et raccourcis.

Aussi, les premiers temps du confinement, je n’ai guère été productif, alors même que la charge de travail s’amenuisait. Il y a comme un vertige de se retrouver tout à coup, du jour au lendemain, face à un champ des possibles infini, une liberté totale et un laps de temps colossal. On n’en a guère l’habitude. Que faire de toutes ces promesses de créations potentielles ? Surtout quand on voit sur les réseaux sociaux, piège infernal, toutes celles et ceux qui s’activent comme si leur vie en dépendait. Ca écrit de toute part, ça filme, ça invente et se réinvente, ça chante, ça danse et on reste là, assis sur son siège, en témoin de cette épidémie de création. On culpabilise, forcément. Pourquoi n’aimer écrire que lorsque c’est impossible ou plus compliqué ? Pourquoi rechercher ainsi la difficulté, quitte à provoquer de la frustration ? Pourquoi repousser cette envie quand on en a enfin toute latitude ?

Des questions, presque masochistes, auxquelles je ne trouve pour réponse que l’incertitude de mes projets en cours. Tant que j’ignore leur devenir, j’ai du mal à lâcher prise, comme un parent trop inquiet qui enverrait ses enfants en colonie de vacances et ne parviendrait pas à décrocher et à s’octroyer un peu de bon temps pour lui. Je me suis tout de même retroussé (un peu) les manches. J’ai écrit un début d’histoire dont j’ignore encore s’il s’agira d’une longue nouvelle, d’un roman ou rien de tout ça, une simple impasse divertissante. J’ai aussi inventé une nouvelle dans le cadre d’un concours (à lire ici) et me suis amusé à imaginer des pastilles humoristiques pour le web qui ont nécessité quelques techniques de bric et de broc dont je ne me savais pas capable. C’est peu et à la fois beaucoup, surtout que j’aurais, sincèrement, désiré en faire davantage, sachant par avance que je regretterai pareille parenthèse imprévue. Gageons que je saurai mieux m’y prendre si une nouvelle occasion de ce type se représente un jour, en espérant que les circonstances seront alors nettement moins tragiques que celles de maintenant…

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